La mère d’Erik Satie est morte alors qu’il n’avait que 7 ans. Il vit alors dans un contexte de mélomanes, mais pas de musiciens. Il apprend l’orgue avec Nedermeyer avant de passer trois années au Conservatoire de Paris, étudiant l’orgue, le piano et l’harmonie. Mais il est renvoyé pour absenteïsme et incompétence ! Il mène alors une vie de bohème gagne sa vie en jouant du piano dans les cabarets parisiens comme le Chat Noir. Satie se révèlera au grand public grâce à ses trois Gymnopédies pour piano ainsi que ses célèbres Gnossiennes.
Personnage étrange et mystique, Satie adhère aux Roscroix (ces gens qui marchent sur des braises) et il suit les préceptes du mage Joseph Péladan, pour qui il écrira une marche des Roscroix ! C’est alors qu’il se décide à fonder son « Eglise métropolitaine d’art de Jésus conducteur » dont il est l’unique fidèle. Il se moque tout à fait de la « musique savante », au profit de la « musique de l’intant ». En 1895 il compose sa Messe des pauvres, puis commencera une période où Satie écrira une série de petites pièces musicales toutes fortement satyriques et aux titres excentriques et provocateurs : Pièces froidesTrois morceaux en forme de poireAperçus désagréablesVéritables préludes flasques pour un chienEmbryons deséchés, etc.
En 1905 il s’inscrit à l’école de musique la Schola cantorum pour y étudier le contrepoint et l’orchestration. Refusant l’académisme et la musique de son temps, toujours en quète d’imagination et d’innovations, Satie acceptera de composer la musique du ballet Parade en 1917 dans le cadre des Ballets Russes de Serge de Diaghilev sur un argument de Jean Cocteau ; la musique, très novatrice et très originale, fait l’objet d’un véritable scandale. Cultivant « l’art des bruits », Satie intègre à l’orchestre des instruments tout à fait inédits à la recherche de sonorités nouvelles : sirènes, coups de revolver, machines à écrire, etc. Une musique expérimentale jugée inutile, ridicule et provocatrice par le public parisien. Une année plus tard, en 1918, Satie change tout à fait de style et de genre avec son oeuvre Socrate ; une sorte de « drame symphonique » pour voix et petit orchestre sur des textes de Platon traduits par Victor Cousin, d’une austérité extrême. Satie sera en quelque sorte le père sprituel du fameux groupe des 6 composé de Millaud, Ronegger, Sauguet, etc., de jeunes musiciens qui entendent réagir entre autres contre l’impressionnisme et le wagnérisme. Dans les années 20, Satie collabore avec Picabia pour le ballet Relache dont certains passages seront repris dans le film Entr’acte de René Clair, faisant de nouveau face aux critiques excessives du public.
Mort en 1925 d’une cirrhose du foie, Satie aura été une figure musicale étrange, marginale, ayant envisagé la musique de façon simpliste ; au fond l’image que Satie donne de lui-même et de sa musique fait croire un peu à un «clochard de la musique».