Le musicien-poète Frédéric Chopin, formidable génie du clavier, a marqué de son emprunte le romantisme grâce à sa merveilleuse sensibilité du timbre musical. Grand maître du piano, Chopin révolutionna la technique pianistique ; il fit du piano un instrument bien plus renommé qu’il ne l’était et il sut en tirer tout le potentiel pour satisfaire les exigences d’un romantisme novateur. Il créa de nouvelles sonorités, de nouveaux timbres, de nouvelles mélancolies pianistiques, et son interprétation fut tout à fait révolutionnaire de virtuosité. Il dépassa de loin tous les autres pianistes-virtuoses de son temps, excepté son ami Franz Liszt, qui révolutionna lui aussi la musique pour piano mais d’une autre manière.
Compositeur méticuleux, il avait par ailleurs un talent mélodique tout à fait exceptionnel, et son Oeuvre pour piano s’est constitué bien plus rapidement que tout autre compositeur important de son temps. Mis à part les deux concertos et les trois sonates pour piano composés dans sa jeunesse, Chopin n’écrivit exclusivement que des « miniatures » pour piano solo. Leurs titres et leur atmosphère musicale reflètent idéalement les thèmes du romantisme alors en vogue, comme les nocturnes, pièces douces et rêveuses, ou les preludes qui souvent se terminent dans l’expectative, laissant l’auditeur imaginer ce qui peut s’ensuivre.
D’une manière plus conventionnelle, Chopin écrivit des scherzos et de nombreuses dances pour piano, comme les valses, les mazurkas ou les polonaises. Ces deux derniers sont des danses typiquement polonaises ; Chopin demeurera toute sa courte vie un « patriote » de la Pologne, malgré les origines françaises de son père, et malgré le fait qu’il est resté une bonne partie de sa vie à Paris. S’il écrivit des mazurkas et des polonaises, c’était donc pour se rappeler de sa terre natale, mais c’était aussi dans le but d’excercer une fascination sur les mélomanes des salons parisiens, en leur offrant une musique étrangère, plus exotique.